Le grattoir, aujourd’hui à 14 h, sur Facebook.

"LES CADEAUX DE JOULUPUKKI
Il était une fois, dans un royaume tropical nommé Madagascar, un 20 décembre 2025 où le Père Noël débarqua à l’aéroport d’Ivato. Mais ce n’était pas le gentil bonhomme en rouge des livres d’enfants. C’était Joulupukki, le vrai : la créature du folklore nordique qui punit les enfants désobéissants. Cette année-là, il portait l’uniforme du GRU russe et se faisait appeler Andreï Averianov.
Dans son traîneau militaire, pas de jouets ni de sourires. Seize drones kamikazes, cinquante kalachnikovs dernier modèle, cinquante armes de poing, des fusils snipers et des systèmes antichars. Quarante soldats russes l’accompagnaient. Le cortège se dirigea vers Iavoloha, résidence du prince Randrianirina qui avait pris le pouvoir deux mois plus tôt.
Mais voici où l’histoire devient savoureuse : ce n’est pas le prince qui annonça la bonne nouvelle à son peuple. Non. C’est Siteny Randrianasoloniaiko, président de l’Assemblée nationale, qui posta l’information sur Facebook. Avant même que le gouvernement ne dise un mot. « Transparence », écrivit-il fièrement. « Coopération légale ». « Aucun accord secret ». « Partenariats gagnant-gagnant ».
Les sujets du royaume se frottèrent les yeux. Depuis quand le chef du parlement joue-t-il au porte-parole du palais présidentiel ? Depuis quand annonce-t-on la réception d’armes étrangères sur les réseaux sociaux avant toute communication officielle ? Le récit prenait des tournures inattendues.
Siteny, il faut le dire, aimait beaucoup la Russie. En novembre 2024, il était allé rendre visite à la Douma à Moscou. Des photographies le montraient souriant, serrant des mains, parlant « coopération ». Certaines mauvaises langues murmuraient même que sa campagne de 2023 avait reçu des « encouragements » financiers de l’Est. Mais chut, ce ne sont que rumeurs, n’est-ce pas ?
Le peuple malgache, lui, se souvenait d’autres épisodes. En octobre 2022, Madagascar avait voté à l’ONU contre l’annexion russe de territoires ukrainiens. Le lendemain, paf ! Le ministre des Affaires étrangères Richard Randriamandrato était viré. Comme ça. Sans explication. Le royaume avait compris le message : ne pas contrarier les grands amis du Nord.