Après quelques jours d’agitation, les syndicats de la Jirama ont mis fin à leur grève après une rencontre avec les représentants du ministère de l’Énergie et des Mines. On ne sait trop quels arguments ont été utilisés par l’État pour faire plier les grévistes : appel à la raison, intimidation, corruption des leaders ? Toujours est-il que la crise a été désamorcée. Dans une culture de syndicalisme politisé, beaucoup avaient espéré que le mouvement de la Jirama s’étendrait dans le temps et dans l’espace et entraine d’autres grèves : Jirama, puis les fonctionnaires, puis le secteur de l’éducation, puis les zones franches, puis le secteur privé et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il y ait suffisamment de monde pour conquérir et occuper la Place du 13 mai. Ce processus a été celui de 1972, 1991, 2002 et 2009. La mauvaise appréciation et la gestion arrogante d’un mouvement, qui au départ semblait insignifiant, ont souvent fini par créer un effet boule de neige : exemple de la grève des étudiants de l’Ecole de médecine de Befelatanana de 1972 ou la mutinerie du Capsat en 2009). Pour le moment, le ministre Olivier Jean-Baptiste a donc réussi là où les opposants ont une nouvelle fois montré leur incompétence à être persuasifs. Du moins pour le moment.
Au-delà des revendications syndicales, il était fort probable qu’il y ait eu des efforts de politisation derrière la grève de la Jirama. En effet, dans le contexte actuel de frustration généralisée contre les dirigeants en place, l’opposition a certainement essayé de saisir l’opportunité de déstabiliser le gouvernement. À Madagascar, les leaders syndicaux affirment toujours que leurs grèves sont apolitiques et ne sont pas téléguidés par l’opposition. Ce sont des foutaises. On se souvient par exemple du bien nommé Élidiot Andrianjafy, leader des mouvements de grève contre Paul Rabary lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale sous Hery Rajaonarimampianina. Il prétendait qu’il n’avait aucun lien avec la politique, avant que l’on ne constate quelques mois plus tard qu’il s’est porté candidat aux couleurs du Mapar aux élections municipales de 2019 dans l’Atsimondrano d’Antananarivo. En remontant plus loin dans le temps, des sources proches d’Air Madagascar affirment que les mouvements syndicaux en 2005 - 2007 étaient téléguidés par les opposants à Marc Ravalomanana dans l’objectif d’en faire un mouvement de déstabilisation de son régime. Par conséquent, l’histoire du pays montre qu’il n’y a pas de lutte syndicale majeure sans un marionnettiste politique qui tire les ficelles.
Andry Rajoelina connaît le risque : il a utilisé avec succès ce stratagème lors de son processus de coup d’État en 2009 en soufflant sur les braises des diverses revendications afin de faire monter la grogne contre les autorités, puis les utiliser pour servir de marchepied à sa prise de pouvoir anticonstitutionnelle. Mais en politique comme ailleurs, la loi du karma existe. Si un jour ses actes de 2009 reviennent vers lui comme un boomerang, ce sera tant pis pour lui : ni lui ni son équipe n’ont une quelconque légitimité à exiger aujourd’hui de l’opposition le respect d’un État de Droit et de principes démocratiques qu’ils ont eux-mêmes foulés aux pieds il y a 16 ans.
Rappelons que le motif officiel de la grève était le refus du statut de société anonyme proposé pour la Jirama. Du point de vue du consommateur, on ne voit pas quel est le problème à priori avec ce nouveau statut s’il offre des perspectives sérieuses d’amélioration des services de l’entreprise. Il faudra bien à un moment décider de mettre fin aux subventions perpétuelles qui grèvent le budget étatique afin de faire vivoter la Jirama sans s’attaquer aux véritables problèmes, et donc sans les résoudre. Certes, il y a, à tort ou à raison, des craintes concernant une hausse des tarifs ou une réduction des effectifs. Mais d’un autre côté, le statu quo est invivable. On ne soigne pas un cancer avec un cachet d’aspirine. Or, il semble que ce soit le désir des syndicalistes de la Jirama.
Soulagement donc du coté du pouvoir, qui connaît par expérience le danger de tâche d’huile quand une crise commence avec un secteur-clé. Or, comme on le sait depuis la propagation des décès pour intoxication alimentaire, de nos jours, l’huile peut porter malheur.
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Vos commentaires
Bonjour à tous,
https://actutana.com/jirama-je-sens-venir-lentubage-massif/
Conséquemment, pour un peuple où l’ analphabétisme est très important et où la corruption règne à tous les étages de la société, les fozas se comporte comme les agresseurs et colonisateurs de leur propre pays, en considérant ce dernier comme un ennemi :
https://x.com/MathiasPierre00/status/1553787594542022657
https://actutana.com/analphabetisme-massif/
Cordialement
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Re-,
À mon avis le titre de la rubrique de Ikala Paingotra aurait pu être « JIRAMA : délestage de la grève des employés pour un entubage en règle de ces derniers et de la population »
A méditer +++
Amin’izao fotoana izao, tsy manana jiro, tsy manana rano, tsy manana fitokisana amin’ny fitondrana intsony ny vahoaka. Maro no miaina anaty fahantrana lalina. Tanora mitsoaka, orinasa mihidy, tantsaha mijaly. Kanefa tsy mbola misy vahaolana mazava sy matotraaroson’ny fitondrana.
Tonga ny fotoana hanovàna tanteraka ny fitondrana tsy mahay mitantana .Ny fanavotana an’i Madagasikara dia miankina amin’ny fiaraha-mientan’ny rehetra. Mila :
Fanavaozana mazava sy ifandaminana amin’ny JIRAMA
Fitondrana misokatra sy manaja ny feon’ny vahoaka .Vahaolana haingana amin’ny famatsiana rano sy herinaratra ho an’ny rehetra ;Aoka isika hiady ho amin’ny ho avy mendrika.
Tsy mitaky zava-mahagaga ny Malagasy , fa fitondrana manaja, firenena milamina, ary ho avy mazava no andrandrainy.Tsy miandry kabary intsony izao. Fa asa sy fanapahan-kevitra hentitra.
Madagasikara tsy maintsy misafidy : hilentika amin’ny haizina, sa hitsangana hiarina.
À Madagascar, suite au drame d’Ambohimalaza, ce drame qui conduit à la mort d’au moins 27 personnes après la consommation de nourriture suspecte lors d’une fête d’anniversaire près d’Antananarivo, une source médicale française affirme à RFI que des analyses réalisées à l’institut de médecine légale de Strasbourg à partir des prélèvements d’un patient décédé n’ont pas permis d’établir la cause des décès. Contrairement à ce qu’ont affirmé les autorités malgaches mercredi 9 juillet, elles n’ont pas permis non plus d’écarter le botulisme, l’une des pistes suspectée d’un point de vue clinique comme étant à l’origine des décès.
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Un ancien ministre avait osé dénoncer un fait troublant quelques temps avant son limogeage : « existence d’un contrat stipulant la fourniture à la société de 45 MW alors qu’au final et dans la réalité, il n’y a que 25 MW fournie, et le paiement est toujours effectué sur la base du contrat signé... ».
Pour dire qu’une puissante organisation mafieuse est en train d’agir au sein de la société, et compte tenu de cette situation, il serait illusoire d’espérer un mouvement vers la même direction pour l’ensemble du personnel de la société, il y en qui agisse dans la bonne foi et joue le jeu de la transparence, mais il y en a aussi qui ne réagit qu’en fonction du plan social proposé...et une partie qui officie afin de pouvoir préserver les acquis et avantages obtenus...
Mais on ne peut pas perdre de vue aussi l’histoire syndicale relatant qu’au début du XXeme siècle, les leaders syndicaux des docks dans les ports étaient des éléments opérant pour le compte des organisations mafieuses influentes...
Bref, il se pourrait, le conditionnel est de rigueur, que la mafia aurait agi avec une proactivité exceptionnelle pour casser la grève à coup de malette bourrée, mais ce qui est évident et visible, c’est que l’unité de l’ensemble du personnel de la société n’a pas résisté à un appel de sirène venu de quelque part...on verra la suite la semaine prochaine...
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Bonjour Vohitra,
Souvenez vous de nos échanges :
https://www.madagascar-tribune.com/Une-mesure-palliative-en-faveur,26801#forum471373
La mafia Foza au pouvoir gouverne grâce au 3C, « Corruption, Concussion, Compromission », devenu 4C en rajoutant la « Convoitise », et je rajouterais un autre C, la « Crainte ».
La Crainte de la population, une crainte inspirée par les bebaoty inféodés aux mafieux du pouvoir et ses affidés.
Le triptyque sur lequel repose la gouvernance mafieuse Foza est donc en réalité un 5C, le quintyque : « Corruption, Concussion, Compromission, Convoitise, Crainte »
Cordialement
Bonjour YaR,
Le mouvement Foza de 2009 s’est transformé en un rien de temps en une organisation criminelle sur le point de finaliser la capture de l’État entier...
Les « bebaoty » ne sont plus qu’une structure composée de mercenaires prêts à servir pour sévir pour le compte et au profit de ceux qui arrivent à fournir du blé à moudre...
Et l’opposition formelle est paralysée par la mainmise et position changeante pour ne pas dire troublante du laitier et du prestidigitateur ressemblant à la tête de Bourvil, et le manque crucial d’éducation politique de la population de la capitale, sans parler de la position ambiguë des religieux et autres marchands de croyances... et bien sûr, d’une jeunesse ravagée par l’hédonisme...
Il n’y a qu’à voir ce qui se passe actuellement du côté de Vohemar, une exploitation illégale en toute impunité d’ilmenite sans qu’il y ait ni de réaction ni d’interpellation...
Assalaamo alaikoum.
Le contexte national et international factuel ne favorise pas le jusqu’auboutisme voire le saut dans le vide. Ce constat reste déterminant de deux côtés,régime et opposant devant le chacun pour soi et dieu pour tous.
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Salama djiaby
Qui dit délestaze dit jurisprudence, voir récidive ...
Il n’ y a plus qu’ à attendre ?
Qu’ il y ait eu des valises non identifiées qui se promènent parmi ces bandits « syndiqués » serait une tautologie ?
La corruption ne risque pas de délestages ...
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Quel courage ce 6e dan , en cas de hausse de température, c ’est toute la famille qui va rapatrier à l’ ambassade !