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Une analyse pertinente qui mérite qu’on s’y attarde longuement : Herintsalama Rajaonarivelo, banquier, technocrate et président du conseil d’administration de la BNI Madagascar, vient d’être nommé Premier ministre par le colonel Randrianirina, sur proposition d’une Assemblée nationale à majorité pro-Rajoelina. Derrière le masque de la compétence et de la modernité, cette nomination marque le retour des barons. C’est le profil classique du gestionnaire du consensus : un homme formé pour concilier le marché et l’État, l’idéologie libérale et le discours social, sans jamais remettre en cause l’ordre établi. Son nom circule parmi les réseaux d’Hassanein Hiridjee (Axian), de Naina Andriantsitohaina (ancien maire et pilier du régime Rajoelina), et de Mamy Ravatomanga, oligarque aujourd’hui en exil. Le pouvoir militaire et parlementaire a trouvé son profil idéal : un visage lisse, rassurant pour les investisseurs, capable de neutraliser la colère sociale sans en paraître l’adversaire. En le présentant comme un “homme neuf”, la coalition au pouvoir réussit une opération politique redoutable : offrir l’illusion d’un renouveau sans changement réel. Mais la jeunesse n’est pas dupe. Ce qui devait être une rupture démocratique devient une restauration sous un vernis technocratique. Derrière le profil “indépendant” de Rajaonarivelo, on retrouve les structures familières du pouvoir économique postcolonial. Le groupe Axian, dirigé par Hassanein Hiridjee, détient des positions dominantes dans les télécoms, la finance et l’énergie, notamment à travers la BNI. Ce conglomérat a prospéré sous Rajoelina grâce à des effacements de dettes, des concessions opaques et des contrats énergétiques taillés sur mesure. Même trajectoire pour Andriantsitohaina et Ravatomanga : des hommes d’affaires devenus figures politiques, dans un système où la frontière entre l’État et les intérêts privés n’existe plus. Le mouvement de la GenZ, qui incarnait une rupture générationnelle et morale, se voit aujourd’hui dépossédé de son élan. Sa révolte a été traduite, filtrée, institutionnalisée. C’est le processus classique : on apaise, on récupère, on intègre. La contestation devient décorative, et les nouveaux visages du pouvoir se chargent de la rendre inoffensive. Nommer un banquier à la tête du gouvernement dans un pays où 80 % de la population vit dans l’informalité est une ironie historique. Le pouvoir économique reprend la main sur le politique, au nom de la modernisation. Le pays rejoue un scénario bien connu de la Françafrique : celui d’une élite économique qui prétend sauver une nation qu’elle a contribué à affaiblir. Sous couvert de refondation, c’est une consolidation : plus d’ouverture aux marchés, plus de dépendance financière, moins de souveraineté réelle. La jeunesse, qui avait rêvé d’un autre horizon, risque de croire qu’aucun changement n’est possible sans l’aval des puissants. Or, c’est cette résignation qui assure la survie du système. Ce n’est pas l’échec de la jeunesse, mais la victoire temporaire de l’ordre établi. La nomination d’Herintsalama Rajaonarivelo doit être l’occasion d’une prise de conscience : tant que les structures économiques prédatrices resteront intactes, toute refondation sera un leurre. La véritable refondation ne viendra pas des banques, mais du peuple.