Lors d’une conférence de presse qu’il a tenue dans la cour du Palais d’Ambohitsorohitra, le président de la Transition a partagé ce lundi 30 septembre, son point de vue sur le projet de vente des stocks de bois de rose. La communication de la Présidence a même jugé utile de rapporter les propos du président de la Transition à ce sujet. Ci-après, de larges extraits de ce compte-rendu : « il serait mieux de mettre en vente ces bois afin d’éviter leur exploitation illicite » ; « plusieurs réunions ont été entamées avec le Premier ministre, qui est aussi en charge du ministère de l’Environnement, concernant le trafic et l’exportation illicite de bois de rose. Puisque plusieurs points de stocks ne cessent de diminuer sur place, ce qui profite à quelques responsables dont je suis totalement contre, il faut voir comment stopper ce genre de trafic en mettant en vente les bois saisis ».
En d’autres termes, le président de la Transition dit ne pas être impliqué dans le trafic et l’exportation illicite de ces bois de rose ; mieux il est foncièrement contre ce genre de trafic. Pour faire cesser ce trafic et faire profiter légalement le pays de ces bois précieux, il faudrait les vendre par appel d’offre international et en toute transparence. Il rejoint ici les positions défendues par le Comité de pilotage et les partenaires financiers et techniques telle la Banque mondiale.
Mais là où il y a confusion ou du moins c’est plutôt flou, c’est quand le président de la Transition parle de l’usage des recettes. Il a déclaré que le Comité de pilotage et le Premier ministre sont au courant de ses propositions sur l’utilisation des fonds réunis après la vente de ces bois dont : « une grande partie sera allouée à l’achat d’équipements pour les Forces de l’ordre mais aussi pour soutenir financièrement ces dernières dans la sécurisation des prochaines élections ».
Les élections vont se dérouler dans moins d’un mois et les opérations de sécurisation – si l’on se réfère aux revendications des forces de l’ordre –, nécessitent quelque 7 milliards d’ariary. Le ministre des Finances a cependant fait savoir que cette somme est déjà acquise et que le ministère est aujourd’hui en train de finaliser les procédures pour le déblocage de cette somme en faveur de la Cenit et à l’intention des forces de l’ordre. Ces opérations de sécurisation s’étalent certes, avant, pendant et après les scrutins ; mais quand est-ce que l’appel d’offre sera-t-il lancé ? Et les opérations jusqu’à satisfaction de l’appel d’offre prendront-elles combien de temps si on veut affecter une partie de ces recettes aux élections ? N’est-ce pas une vente précipitée qui serait envisagée et qui serait néfaste à la crédibilité des opérations ? Surtout l’opération est-elle seulement faisable dans de tels délais quand on sait que les produits ou marchandises en question relèvent des produits qui sont sous surveillance internationale, étant inscrits dans l’annexe II de la Cites à laquelle la Chine et d’autres supposés grands pays acquéreurs ont adhéré ?
Concernant le projet d’Ordonnance sur ce même sujet, le président de la Transition, Andry Rajoelina se demande si : « certains responsables aimeraient voir les stocks diminuer en nombre sur place ou c’est effectivement c’est ce qu’ils protègent. Il faut agir en toute transparence pour que le peuple puisse être informé des stocks existants. Les responsables directs, tel le Premier ministre, ministre de l’Environnement par intérim, ont déjà reçu des directives pour résoudre ces problèmes ».
Le président de la Transition laisse libre cours aux commentaires quant à l’identité de ces responsables qui, pour beaucoup d’observateurs, ne seraient autre que le Premier ministre ou la Primature qui n’a pas voulu adopter le projet d’Ordonnance, et n’a pas non plus voulu signer le projet de décret ci-joint en fichier attaché (voir aussi la correspondance échangée entre le directeur de cabinet du président de la Transition et le Premier ministre et président de la Transition), comme souhaité par la Présidence de la Transition. En tout cas, il y a des préalables techniques à respecter tels l’identification des sites où sont stockés ces bois de rose saisis, le comptage, le marquage et l’arrêté définitif de la quantité de bois de rose en stock, mais aussi l’information de toutes les entités impliquées dont les populations concernées sur site, avant que la procédure d’appel d’offre ne soit lancée.
La société civile a déjà exprimé son refus de toute vente précipitée. Elle a également fait part de son point de vue quant à la répartition des recettes qui devrait être favorable – à raison de 70%, aux collectivités territoriales et aux acteurs de l’environnement, contre 30% à l’Etat central. Ce mode de partage est différent de celui proposé dans le projet de décret suggéré par la Présidence qui souhaite un partage égalitaire 50/50 (voir le projet de décret en fichier joint).
Recueilli par Valis
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