Dans une note publiée en juin 2011, le Trésor américain soupçonne fortement le gouvernement malgache de faire partie intégrante du trafic de bois de rose. Cette note est liée à l’annonce par la Banque Mondiale de son intention de soutenir financièrement des projets dans la reforestation et la préservation de la biodiversité. Avant le vote du Conseil d’administration de la Banque Mondiale, le Trésor Américain avait fait savoir sa position vis à vis de ce projet, laquelle est défavorable, face au manque d’efforts de la part de la HAT pour lutter contre le trafic de bois. Traduction libre.
Position des États-Unis sur le projet d’investissement de la Banque Mondiale pour l’appui au « Programme environnement 3 » de Madagascar
Les États-Unis reconnaissent l’importance de préserver la biodiversité de Madagascar et le fait que l’inaction peut avoir des effets catastrophiques. En effet, 80 % des espèces de Madagascar n’existent nulle part ailleurs dans le monde. C’est un trésor qui devrait être protégé. Les États-Unis sont profondément préoccupés par les rapports faisant état d’une accélération de la destruction environnementale depuis le coup d’État de 2009, avec des déforestations illégales qui non seulement menacent gravement la bidoversité malgache, mais aussi semblent constituer une source de revenus pour le régime de la Haute Autorité de Transition (HAT). Ce régime a laissé faire, et selon les informations reçues, directement profité de l’exploitation de bois illégalement abattu et des espèces braconnées. Cela pose une grande menace à la biodiversité de Madagascar et prive le peuple malgache de son patrimoine naturel.
Ce projet est conçu pour lutter contre le trafic de bois en utilisant l’approche communautaire, à travers les organisations de la société civile pour renforcer la surveillance environnementale. Cependant, en dépit des garanties intégrées dans la mise en oeuvre du projet, les États-Unis sont préoccupés par le fait que ce projet pourrait fournir un soutien financier et moral au régime de la HAT et que les obstacles à son efficacité soient gigantesques, vu les précédents peu convaincants de la HAT dans la tenue de ses engagements. Dans l’état actuel des choses, un soutien financier pourrait être une occasion pour la HAT de clamer une reconnaissance internationale, et pourrait permettre aux dirigeants de fait de détourner des ressources vers d’autres priorités tout en continuant à profiter d’activités illicites. Par conséquent, les États-Unis sont obligés de s’abstenir concernant ce sujet.
Si le projet était approuvé, les États-Unis appellent la direction de la Banque Mondiale à suivre attentivement la situation sur le terrain et à informer le conseil d’administration de toute évolution. La Banque Mondiale doit suspendre rapidement le projet s’il découvre que le régime ne se conforme pas à ses engagements.
En outre, le recours par la direction de la Banque Mondiale à une exception par rapport aux règles en vigueur vis-à-vis des régimes de fait (Operational Policy (OP)7.30) est lié à des circonstances tout à fait uniques à Madagascar. De ce fait, si une décision pour engager ce projet est prise, elle ne doit pas être considérée comme un précédent pour l’attitude à tenir à l’avenir vis-à-vis des gouvernements de facto.
Par ailleurs, la participation de la Banque Mondiale dans ce secteur ne doit pas être interprétée comme une reconnaissance du régime HAT par les États-Unis, la Banque Mondiale, ou la communauté internationale. Elle ne devrait pas non plus être perçue comme impliquant un quelconque changement de statut pour ce gouvernement illégitime et inconstitutionnel.
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