Rien n’a filtré de la rencontre de Maputo de ce jeudi 16 août des deux invités malgaches, en l’occurrence Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, avec Jacob Zuma, président de l’Organe de coopération de la SADC en matière politique, de défense et de sécurité. Une situation qui déroute l’opinion malgache et qui fait penser que finalement donc les deux hommes n’ont pas osé faire des concessions de peur de décevoir leurs partisans et ce au détriment de la grande majorité des citoyens qui se perdent en attentes et en conjectures. Le sommet des chefs d’État et de gouvernement de la SADC a donc commencé sans grand espoir de paix et de réelle et concrète résolution en faveur de l’achèvement de la crise malgache, sauf les élections et la feuille de route. Car en fait, l’Afrique du Sud passera lors de ce sommet, la main à la République unie de Tanzanie.
En tout cas, selon les analystes, le sommet de Maputo devrait pousser Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana à donner suite à la mise en œuvre de la feuille de route qui conduira vers les élections. Cependant le problème résiderait dans l’intransigeance des uns et des autres.
Andry Rajoelina a systématiquement bloqué le retour de Marc Ravalomanana de son exil en Afrique du Sud. La principale pierre d’achoppement est la condamnation de cet ancien chef d’État et le décès de 36 manifestants qu’il juge être victimes des tirs de la garde présidentielle. D’après Andry Rajoelina, la culpabilité de Marc Ravalomanana devrait lui interdire de se présenter aux prochaines élections. Marc Ravalomanana pour sa part, clame partout son innocence, déclare que le tribunal qui l’a jugé est incompétent et a manifesté son intention de se présenter aux futures élections présidentielles.
Pour l’observateur, des zones d’ombre planent encore sur l’affaire de 7 février. En effet, des lettres écrites par le colonel Charles Andrianasoavina et le général Raoelina donnent une autre version des faits. À titre de rappel, lors du jugement de l’affaire devant le tribunal le 07 juillet 2011, Maître Hanitra Razafimanantsoa qui assurait la défense des inculpés soulignait la responsabilité des leaders de la place du 13 mai, qui avaient appelé à une manifestation devant une « zone rouge ». Elle demandait l’audition comme témoin du colonel Charles Andrianasoavina, au motif que celui-ci avait évoqué par écrit une réunion tenue la veille des événements au domicile d’Andry Rajoelina, dans l’objectif de provoquer une tuerie afin de discréditer le pouvoir de l’époque. La présidente du tribunal refusait cette demande d’audition, se ralliant à la position des parties civiles selon laquelle ce témoignage n’aurait guère de valeur car le témoin pressenti et les accusés avaient été dans la même chambrée au cours de leur séjour en prison. La collusion entre eux serait alors probable. La défense a annoncé aussi que les balles ne proviendraient pas toutes du Palais d’Ambohitsorohitra et que les victimes auraient subi des tirs par derrière provenant du bâtiment du Trésor, de la porte 23 de l’ONE et de l’Hôtel du Louvre.
Notons que des généraux qui se sont opposés farouchement au retour de l’ancien Président Marc Ravalomanana ont fait le déplacement à Maputo. Il s’agit du général Richard Ravalomanana qui avait pris l’initiative de faire atterrir l’avion qui transportait Marc Ravalomanana à Morondava pour faciliter son arrestation, du général Ranto Rabarisoa, qui, à plusieurs reprises a répété que Marc Ravalomanana ne doit pas encore rentrer au pays, et du général Randrianazary.
Le sommet de la SADC se termine aujourd’hui et devrait publier des résolutions sur Madagascar.
Recueilli par Vonjy