Depuis un certain temps, l’incinération des corps humains est pratiquée, non seulement chez les asiatiques mais aussi chez les Malagasy. Deux prêtres catholiques, sous couvert d’anonymat, estiment qu’une telle pratique n’est pas encore bien accueillie dans la société malagasy. Interview.
• Madagascar Tribune : Vous êtes prêtres. Mais en tant que citoyens du pays, que pensez vous de l’incinération des corps humains ?
– Réponse : Je parle en mon nom personnel. Chez les pays asiatiques, surtout chez les Indiens, une telle pratique est courante. Elle fait déjà partie de leur culture. Pour les Malagasy, l’incinération des corps humains n’est pas encore bien accueillie. Il est encore difficile de faire accepter aux Malagasy ce genre d’inhumation.
• Pourquoi ?
– Nous, Malagasy, nous avons notre propre culture. Nous avons même notre propre proverbe : « Velona iray trano, maty iray fasana ». Ce qui signifie, vifs ou morts, nous sommes et restons unis. Pendant que nous sommes en vie, nous demeurons dans une maison. Quand nous mourrons, nous partagerons la même tombe. Les Malagasy respectent le corps humain
• En tant que chrétiens catholiques, vous avez d’autres points de vue sur la crémation ?
– Effectivement. La logique des funérailles chrétiennes repose sur ce principe : la résurrection. Dieu créa des hommes et les dota d’un esprit, d’une âme et d’un corps. De ce fait, le corps est un élément important. Quand l’homme meurt, son corps se sépare de son âme. Il croit qu’un jour, il ressuscitera. Peut-être, ce ne sera pas avec le même corps.
• Vous avez déclaré que l’incinération n’est pas dans notre culture. Or, il y a des Malagasy qui l’adoptent maintenant. Qu’est ce qui les a poussés à le faire ?
– Personnellement, je ne sais pas. Ce serait mieux de demander à la personne, à sa famille pourquoi elle a choisi ce mode d’enterrement. Moi particulièrement, je ne suis ni contre ni pour. D’ailleurs, ce n’est pas mon rôle de le juger. Je dirai que cette personne a une raison. Peut-être, pour des raisons d’ordre économique, ou d’ordre social ou d’ordre liturgique ou bien d’autres encore. Je respecte son choix.
Propos recueillis
par Herimanda R.